
Un paysage industriel contrasté mais résolument tourné vers l’avenir grâce à l’innovation
Pour la troisième année consécutive, Bpifrance publiait en mars dernier son Observatoire des startups, PME et ETI industrielles françaises. Une étude qui constate, en substance, un contexte industriel français contrasté qui affiche des signaux faibles de repli. Une tendance qui s’illustre par une légère baisse dans la création de nouveaux sites industriels en France sur 2024, sur laquelle s’accordent la Direction générale des Entreprises (DGE), Trendeo et l’Usine Nouvelle, et sur la difficulté actuelle qu’ont les startups du secteur à lever des fonds qui se confirme au niveau européen.
Cependant, les indicateurs présentés témoignent également d’une forte résilience de l’écosystème industriel français et d’une dynamique structurelle à l’œuvre, notamment grâce à la dynamique d’innovation. En témoigne le nombre de startups à vocation industrielle actives recensées (3 200), mais surtout le fait qu’un tiers d’entre elles sont des startups deeptech. Mieux encore, sur les 212 startups françaises ayant levé des fonds en 2024, 59% font partie de cette catégorie deeptech, dans des secteurs clés comme la greentech ou la santé.
Preuve est faite que la recherche et l’innovation jouent un rôle déterminant dans cette dynamique d’industrialisation et de souveraineté technologique. Un enjeu soutenu notamment par le plan France 2030 et la stratégie « Startups industrielles et deeptech », qui encouragent le développement de startups à forte densité technologique et l’émergence, sur le territoire, d’acteurs de dimension européenne et mondiale. Ce sont en effet ces startups industrielles, souvent à forte intensité technologique, qui renouvellent aujourd’hui le tissu industriel français, avec un ancrage territorial fort - 97% d’entre elles produisent en France – et un rôle moteur dans la réindustrialisation verte.
Les SATT, un levier majeur pour la création de startups deeptech à vocation industrielle
Les Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT), représentent un maillon essentiel, favorisant l’émergence, le financement et le développement de ces startups à forte intensité technologique, capables d’impulser une nouvelle vague d’industrialisation innovante et durable en France. Depuis leur création en 2012, les SATT ont permis la création de plus de 900 startups deeptech, valorisées à plus de 4 milliards d’euros.
Parmi elles, 160 portent une vocation industrielle affirmée et développent des innovations de produits ou de procédés impliquant à terme une production en série de biens matériels. Elles constituent le vivier des futures startups industrielles qui investissent dans des moyens de production et représentent un formidable atout en matière d’innovation, d’emplois, de croissance, de compétitivité et d’autonomie stratégique pour la France. Elles illustrent la capacité des SATT à transformer les découvertes scientifiques en solutions industrielles à impact, ancrées au cœur des territoires et en phase avec les enjeux sociétaux et environnementaux d’avenir. On retrouve ainsi 55 startups des SATT dans le Mapping 2024 des Startup Deeptech Françaises actrices de la décarbonation et de la réindustrialisation.
Ces réussites reposent sur une approche intégrée de l’innovation et un accompagnement tout au long du cycle de vie des projets. Les SATT interviennent sur toute la chaîne de valeur, de la détection de technologies innovantes au sein des laboratoires de recherche publique jusqu’à leur valorisation par leur transfert technologique et industriel, notamment via la création de startups deeptech. Elles financent la maturation technologique, scientifique et économique, sécurisent la propriété intellectuelle, accompagnent l’élaboration des business models et des schémas industriels, facilitent l’implantation locale.
Parmi les exemples emblématiques, citons :
- ThrustMe, accompagnée par la SATT Paris-Saclay, qui conçoit et produit des propulseurs pour nanosatellites dans son usine de Verrières-le-Buisson (Essonne), notamment pour l’international
- SINTERMAT, créateur de matériaux durables pour l’industrie grâce à la métallurgie des poudres dans son usine de Vernarey-Les Laumes (Côte-d’Or), soutenue par la SATT Sayens
- Luchrome, accompagnée par Aquitaine Science Transfert, qui développe des écrans électroniques innovants à Cheminnov (Pessac, Nouvelle-Aquitaine) et compte agrandir son site de production suite à une levée de fonds début 2025.
- Authentic Material, spécialiste dans la fabrication de nouveaux matériaux et d’objets finis à partir de déchets naturels, grâce à l’apport de Toulouse Tech Transfer, qui recycle plusieurs centaines de tonnes par an dans son usine à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne).
- En ce qui concerne les startups en phase d'industrialisation, des entreprises comme CarboZym, P-LAYER, Seamless Waves ou encore Optipus-PV suivent le chemin emprunté par 3Deus Dynamics, une startup accompagnée par PULSALYS, qui élargit les frontières de l'impression 3D avec son processus de moulage dynamique et qui a inauguré en septembre 2024 son nouveau site de production à Rillieux-la-Pape (Auvergne-Rhône-Alpes).
Les SATT, un partenaire stratégique pour l’innovation et la compétitivité des PME et ETI
Au-delà de leur action en faveur de la création de startups, les SATT jouent également un rôle central dans le développement technologique des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI), piliers de l’économie française et premier vecteur d’industries en France. Un vivier d’entreprises dont les installations se distinguent par le caractère innovant de leur production avec l’intégration de lignes utilisant les dernières avancées technologiques, signe de la montée en puissance de l’industrie 4.0, et révélant un dynamisme industriel porté en grande partie par l’innovation.
Interlocuteurs privilégiés des PME et ETI au cœur des territoires, les SATT ont déployé, au fil des ans, une offre dédiée leur permettant d’accéder à un véritable service de R&D externalisé, avec un accès privilégié à plus de 80 % de la recherche académique française, un potentiel de plus de 20 000 innovations de rupture détectées au sein des laboratoires de recherche publique et un portefeuille de près de 4 500 brevets.
L’impact est tangible : près de 45 % des 2 200 licences technologiques transférées par les SATT depuis leur création, soit près de 1000 licences, ont été concédées à des PME ou ETI, avec une croissance importante ces dernières années (+33% entre 2019 et 2022).
Parmi les 40 transferts réalisés en 2024 vers des PME-ETI, citons par exemple :
- Le transfert par Linksium à Hydrao d’une technologie pour la fabrication de pico-turbines destinées aux réseaux d’eau potable et permettant le développement de compteurs d’eau intelligents connectés ;
- Celui de la SATT Ouest valorisation au Groupe Prochilab de la technologie GREENTOW’R, un réfrigérant à air permettant de réduire les consommations d’eau des opérations des laboratoires ;
- L’entreprise Idylle et Erganeo qui ont signé une licence pour l’exploitation d’un nouveau procédé de transparisation d’échantillons biologiques pour l’imagerie de tissus.
Autre exemple, la SATT Conectus et la PME bretonne Le Verre Fluoré ont de leur côté signé une licence exclusive pour l’exploitation mondiale d’une technologie permettant de concevoir, grâce à l’intégration de micro-lentilles, de nouvelles fibres optiques beaucoup plus performantes.
« Le Verre Fluoré est leader des fibres optiques moyen infrarouge, avec environ 50% du marché mondial. Historiquement, nos activités portent sur l’astronomie, le spatial et la recherche, principalement sur des lasers de nouvelle génération. Après 40 ans de recherche et développement, nous sommes parvenus à la maturité technologique suffisante pour ouvrir des marchés de volume. À ce jour, les applications médicales représentent 75% de nos activités, principalement autour de la chirurgie dentaire, de la dermatologie et du séquençage ADN. Grâce à la technologie des micro-lentilles, Le Verre Fluoré dispose désormais d’une solution technologique performante pour adresser le marché de la spectroscopie des gaz. Grâce à l’apport de la solution développée par le laboratoire de recherche publique ICube à l’INSA Strasbourg et l’Université de Ferhat Abbas Sétif, Le Verre Fluoré devient l’unique fabricant de cette solution de fibrage de diodes lasers qui améliore sensiblement les performances de mesures des gaz. » Samuel Poulain, Directeur général, Le Verre Fluoré.
En assurant ainsi une forte visibilité aux innovations technologiques développées par la recherche académique française, en rendant toujours plus accessibles aux entreprises les innovations développées au sein des laboratoires de recherche, en accélérant leur transfert technologique auprès du tissu industriel et en révélant les futurs leaders de l’industrie française, le Réseau SATT continue de jouer son rôle de levier majeur d’innovations et s’engage toujours plus aux côtés de l’État au service de la croissance socio-économique française et de l’industrie de demain.